jeudi 12 novembre 2020

Fair-play et courtoisie aux échecs

Par Oliver

Qu’est-ce que le fair-play aux échecs, et quelles en sont les limites ? 
L’arbitre international Tomasz Delega (président du conseil des arbitres de l’European Chess Union, ECU) propose des pistes de réponse à travers des cas pratiques, dans un article intitulé “Fair play and good manners in chess” (traduction : Fair-play et courtoisie aux échecs).

Tomasz Delega (Pologne), arbitre international d’échecs.

Dans le premier cas, lors d’un tournoi de blitz, dans une position gagnante, les Noirs promeuvent un pion, mettant le roi blanc en échec par la même occasion. Malheureusement, les noirs se trompent et placent une dame blanche (au lieu d’une dame noire) sur l’échiquier. Les Blancs jouent un coup de roi pour se soustraire à l’échec. 

Les Noirs, se rendant compte de leur erreur, souhaitent changer leur dame en pièce noire. Les Blancs refusent et appellent l’arbitre. Puisqu’un coup a été joué après le coup illégal (sans que l’adversaire ne s’en plaigne), la partie doit continuer avec la « mauvaise » dame. Les Noirs abandonnent.

La question ici ne porte pas sur la décision de l’arbitre, mais consisterait plutôt à se demander si les Blancs n’ont pas bafoué les principes du fair-play. Mais, d’un autre point de vue, les erreurs des joueurs font partie du jeu d’échecs et de la compétition... Qu’en pensez-vous ?


“Fair play and good manners in chess”, un article publié dans l’e-magazine de l’European Chess Union, ECU.

Dans un deuxième, lors d’un tournoi rapide, les Blancs ont une qualité de plus, mais la situation est complexe, sans suite gagnante évidente. Les Blancs (qui ont 1 minute et 30 secondes à la pendule) jouent leur coup. Les Noirs (qui ont 8 minutes à la pendule) réfléchissent environ 2 minutes, puis tendent leur main en disant « OK, je ne continue pas ceci ». Les Blancs, un peu surpris, serrent la main de leur adversaire, et informent l’arbitre de leur victoire.

Après les appariements pour la ronde suivante, le joueur ayant eu les Noirs se plaint à l’arbitre qu’il lui manque un demi-point, puisque sa partie précédente s’était conclue par une nulle (NB : une poignée de mains peut être interprétée comme l’acceptation d’une offre de nulle, tout comme un abandon. Et l’affirmation « Je ne continue pas ceci » signifie plutôt un abandon qu’une acceptation de proposition de nulle).

L’arbitre demanda aux joueurs de reconstituer la position, ce que les Blancs firent, et les Noirs confirmèrent la position reconstituée. Au vu de la position complexe, l’arbitre transforma le résultat en partie nulle. Qu’en pensez-vous ?

La leçon à retenir du second cas est qu’il faut être absolument certain de l’interprétation de votre adversaire, avant de lui serrer la main. 
L’auteur, Tomasz Delega, se souvient d’un événement dans sa pratique de joueur qui le laissa confus. Ayant tendu sa main à son adversaire (un adolescent) dans l’intention d’abandonner, ce dernier lui demanda à voix haute pour que toute la salle entende bien : « Est-ce que vous abandonnez ? ».
 
- ECU e-magazine (oct. 2020)
> https://www.europechess.org/ecu-e-magazine-october/
 

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